Slack : la messagerie qui a disrupté la messagerie

En dix ans d’existence, cette messagerie instantanée a levé plus d’un milliard de dollars, a convaincu 10 millions d’utilisateurs à travers le monde et a été cotée en Bourse : rien que ça ! Retour sur le parcours inspirant de la plateforme de tous les superlatifs, récemment rachetée par le groupe Salesforce.

 

Quand la philo rencontre la programmation

 

Le fondateur de Slack est un autodidacte de la programmation. En effet, Stewart Butterfield (né en 1973 au Canada) est d’abord titulaire d’un master de philosophie. Fort de ses talents de programmeur, il travaille ensuite comme développeur et crée deux entreprises du secteur numérique. L’une d’elles, Ludicorp, fondée en 2002, développe un jeu en ligne multijoueur… qui ne rencontre pas son public. C’est là que Butterfield a l’idée de créer une plateforme de partage de photos : Flickr est né ! La société sera rachetée en 2005 par Yahoo, où Butterfield travaille jusqu’en 2008.
En 2009, le philosophe devenu homme d’affaires retourne aux jeux vidéo et crée la société Tiny Speck visant à développer le jeu Glitch… qui s’avère encore un échec ! Toutefois, c’est en travaillant à ce projet avec Eric Costello, Cal Henderson et Serguei Mourachov qu’il réalise l’utilité d’un outil qui n’existe pas encore, une application de messagerie qui centraliserait tous les documents et services nécessaires en entreprise : Slack est lancée en août 2013, et, cette fois, le succès ne se démentira pas1.

 

Le début d’une success-story

 

La jeune société est baptisée Slack pour Searchable Log of All Conversation and Knowledge (trace exploitable des conversations et connaissances), bien que le mot signifie « calme » en anglais. Butterfield et ses associés proposent d’abord leur service à quelques sociétés afin d’obtenir des retours, puis le nombre d’utilisateurs monte en flèche.
Début 2015, Slack compte déjà 500 000 utilisateurs chaque jour, puis 2 millions à la fin de l’année. Aujourd’hui, la plateforme a dépassé les 10 millions d’utilisateurs, représentant plus de 600 000 entreprises réparties sur 150 pays2. La France apprécie particulièrement l’appli, étant le troisième pays en nombre d’utilisateurs (environ 250 000).

 

L’idée qui a fait toute la différence

 

L’intérêt de la plateforme correspond bien à la vision initiale de Stewart Butterfield : elle fédère en un lieu unique une messagerie et toutes les applications que les entreprises choisissent d’y installer.
Voici le principe : depuis 2015, Slack propose des APIs permettant à tout utilisateur d’intégrer sa propre application au service. C’est ce parti pris technologique qui a permis à la plateforme, dès le début, de recruter des utilisateurs d’autres services, séduits par l’idée de pouvoir tout faire « au même endroit »3. Les slash commands, en particulier, permettent aux utilisateurs de solliciter une application externe en envoyant un simple message dans la boîte de dialogue. L’appli tiers est appelée depuis n’importe quelle conversation, et la plateforme peut alors envoyer ses données à l’application associée. Cette fonction d’interactivité permet donc à tout utilisateur de récupérer des données externes à l’appli, depuis son canal personnalisé.

 

[Encart] Par ici les APIs !

 

Les APIs (Application Programming Interface) sont des interfaces proposant un service tel qu’une cartographie, des horaires de transports, la météo… que les développeurs peuvent ensuite ajouter à leurs propres applications. Slack fonctionne donc comme un protocole de communication qui connecte entre eux non seulement des utilisateurs, mais également différents lots de données. Ces échanges s’effectuent par des canaux qui en conservent une trace exploitable. La plateforme intègre des services externes comme Outlook, OneDrive, Gmail, Google Drive, Adobe Creative Cloud, Zendesk et d’autres… qui facilitent d’autant plus le travail et les échanges entre professionnels.

Concrètement, l’intégration de services externes permet à Slack de se positionner au centre de toute une gamme de services déclinés sur ses canaux. L’utilisateur y reçoit des messages, des notifications, et accède à tous les documents de travail dont il a besoin, quelle que soit leur appli d’origine. Par exemple, il est inutile d’ouvrir X (ex-Twitter) ou Office 365 pour retrouver ses fichiers, travailler dessus ou les partager. Les canaux peuvent être créés par l’entreprise pour des projets ou des équipes, regroupant tous les documents et outils de travail au même endroit.

 

Des rebondissements et attaques…

 

Les réussites de cette plateforme de messagerie ne l’ont pas protégée de divers incidents, en particulier sur le plan de la cybersécurité. En 2015, Slack annonce avoir été piraté pendant près de quatre jours consécutifs, avec comme conséquence l’exposition de nombreux comptes d’utilisateurs : des adresses mail, des noms, des mots de passe, des numéros de téléphone et des profils Skype ont été potentiellement concernés. C’est à la suite de cette cyberattaque que la plateforme décide de se doter de la double authentification de connexion.

Le 4 janvier 2021, Slack doit faire face à de nouveaux problèmes : le service demeure indisponible pendant plusieurs heures : de 10 à 15 heures, aucun utilisateur ne peut plus se connecter, envoyer ou recevoir de messages, ni appeler ou répondre à des appels. Le service est rétabli après 15 heures sauf pour les notifications, les e-mails et l’intégration d’applications tierces telles que les calendriers de Google et d’Outlook. Les problèmes de connexion de la plateforme se répéteront plusieurs fois, mais dans une moindre ampleur, en 2022, année où Slack subit une nouvelle attaque : en décembre, ses répertoires privés GitHub sont piratés à l’aide de tokens de sécurité volés.

 

… qui n’affectent pas le business model

 

Ces soucis de sécurité n’ont pas entravé les succès de la plateforme, dont les levées de fonds et les investisseurs ont toujours été au rendez-vous4. De 2014 à 2019, Slack réalise de nombreuses levées de fonds pour plus d’un milliard de dollars, qui valorisent la société à 7 milliards de dollars avant son entrée en Bourse en 2019. Employant près de 3 000 salariés, la société basée à San Francisco (États-Unis) a été rachetée par le groupe Salesforce en 2020 pour un montant de 27,7 milliards de dollars… de quoi en inspirer plus d’un !

¹ Source : Les Échos, 20 juin 2019 « Stewart Butterfield, le loser de génie derrière Slack »

² Source : www.siecledigital.fr

³ Source : www.docs.vmware.com, Intégration de l’API Web Slack

⁴ Source : Magazine Challenges , www.challenges.fr « Aux origines de l’incroyable succès de Slack, la messagerie qui à tué le mail »

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